Entre passé et présent, souvenirs et réalités se mêlent!
Les 17, 18 et 19 janvier prochains, l’exposition ''Retour à Brazzaville'' se déroulera au Hang’Art à Paris. Cette exposition est consacrée à la résidence d’un mois effectuée en juillet dernier dans la Capitale congolaise par la photographe et danseuse Sophie Gillmann et le vidéaste Sylvain Trousselle. Les photographies, les poèmes visuels, les créations avec les artistes de la ville et le film documentaire éponyme, illustrent le retour aux sources de ''l’archiviste des souvenirs'', très marquée par son enfance au bord du fleuve Congo.
J’ai rencontré Sophie par l’intermédiaire de Jorus Mabiala. C’était un après midi au Musée Dapper où le conteur venait d’entamer une série de représentations. En parlant de tout et de rien, on est bien entendu tombé sur son sujet préféré : Brazzaville ! Brazzaville ma ville natale ! J’apprenais que Sophie avait passé les premières années de son enfance à Tandala (Mavula pour certains) !
Le petit garçon que j’étais aurait pu croiser la petite Sophie. Qui sait peut être que cela s’est fait sans que l’on ne se soit rendu compte. Elle me parla de ses années passées dans ma ville, son chagrin le jour du départ, son sentiment d’abandon et le retour en France. Elle se sentait étrangère chez elle, son attachement à ce bout de terre d’Afrique était très fort. Le soleil, la chaleur humaine et les orages lui manquaient beaucoup.
Elle passa le reste de sa vie avec une seule idée en tête : rentrer chez elle ! La pauvre fille ne pouvait pas se douter un seul instant qu’elle était chez elle en France et que le Congo n’était qu’une mission de travail pour papa.
''J'ai grandi au Congo de mes deux ans à mes six ans. En expatriation, à Brazzaville. Le jour du départ, j'ai dit au revoir à ma maison en lui promettant de revenir. Arrivée en France, la vie était différente, il faisait tellement froid. Je voulais rentrer chez moi. Ces premières années au Congo sont mes tous premiers souvenirs. Une foule de souvenirs. Je me les suis racontés en boucle'' se souvient-elle.
Lorsqu’elle parlait de ses années brazzavilloises, ses yeux brillaient, elle redevenait la petite fille d’alors. Et en l’écoutant, je l’imaginais en train de jouer dans la cours, assise dans son fauteuil à bascule, de parler au chauffeur…
Elle s’est ainsi inventée des faux souvenirs qu’elle a photographiés pendant dix ans dans les rues de Paris.
''Une lumière ou un détail réveillent soudain une impression de là-bas, du Congo, de chez nous, de Brazzaville, de Pointe-Noire. D’avant mes six ans. Je ne suis jamais retournée'' écrit-elle.
Elle réalisa son objectif 32 ans plus tard !
''Pendant 30 ans, j'ai rêvé d'y retourner mais j'avais peur de perdre les souvenirs de mon paradis perdu, de ma petite enfance brazzavilloise d'expatriée. Je ne voulais pas du présent. Je voulais rentrer chez moi'' ajoute t-elle.
32 années envahies des souvenirs familiaux d'un paradis perdu, d'une maison!
Elle a revu Brazzaville, son paradis, sa maison. Elle n’était pas seule dans ce voyage ''retour au point de départ'', elle était avec Sylvain, son compagnon. Il a sans aucun doute entendu et réentendu cette histoire de Brazzaville. Ensemble, main dans la main, et à travers l’objectif de leur appareil, ils ont lié les souvenirs de Sophie à Brazzaville d’aujourd’hui. Une réalité forcément différente et très loin des souvenirs d’enfant. Brazzaville la Belle ou la Verte n’est plus celle de l’enfance de Sophie. La ville a grandi sauvagement, elle a été négligée, pillée, violée et meurtrie par des conflits armés au cours des années 90.
''J'ai malgré tout suivi l'actualité, la guerre. J'ai su que ma maison avait été détruite dans les affrontements. Une anecdote en comparaison des souffrances des Congolais mais comme je voulais rentrer chez moi…'' affirme Sophie.
Qu’importe! Pour elle, le retour était indispensable. Redécouvrir sa ville était une sorte de commandement divin. Un pèlerinage !
A travers les rencontres, échanges et créations artistiques, Sophie et Sylvain s’interrogent artistiquement sur le sens de l’expatriation pour une enfant (Sophie).
Leurs photos et vidéos forment un poème réaliste sur une histoire intime et universelle.
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