Culture
Mawawa Mâwa-Kiese : ‘’Jacques Loubelo ne doit pas être oublié !’’
Dans ‘’Honneur à Loubleo’’ (‘’Kembela’’ Jacques Loubelo), paru en mars 2014 aux Editions PAARI, Mawawa Mâwa-Kiese rend un hommage poétique à l’artiste disparu il y a une année. Sans relater, en détail, l’immense carrière de l’auteur de ‘’Ntima luaka’’, il explore son univers musical à travers ses thématiques: l’amour, l’unité nationale, la mort et la libération du Congo. Ce livre est le résultat d’un rendez-vous manqué entre les deux hommes !
Mawawa Mâwa-Kiese et Jacques Loubelo se sont rencontrés à Brazzaville, en juillet 2013, en marge des travaux du symposium du Fespam et ils devaient se revoir plupart à Paris pour travailler sur un projet commun. Seulement, le destin en a décidé autrement ! Le 25 septembre de la même année, Jacques Loubelo s’est éteint. ‘’Lorsque j’ai appris la nouvelle, je n’ai pas dormi et d’un trait, j’ai écrit ce livre’’ explique Mawawa Mâwa-Kiese. Ce livre est un cri du cœur et un grand chagrin ‘’afin que cette mémoire d’exception ne soit pas oubliée, son œuvre poétique et musicale a inspiré cet hommage’’ ajoute l’auteur qui est en même temps l’éditeur avec les éditions PAARI !
Cet hommage, à travers l’œuvre du chanteur, est fait en trois parties. Dans la première partie, les hymnes de Loubelo, Mawawa Mâwa-Kiese, à partir des titres, Congo, Mpasi zo, Lisanga na biso, Mutampa et Ntima luaka, nous partage ses émotions ressenties à l’écoute de ces chansons. Ces émotions s’expriment en poèmes, qui sont comme des prolongements des idées de l’artiste. Comme si l’auteur et le chanteur avaient fusionné. Les textes cités sont accompagnés de leur traduction en français pour permettre à un public plus élargi de comprendre la profondeur de l’œuvre de Jacques Loubelo. Il est aussi et surtout l’occasion pour l’auteur de mettre en exergue l’identité Kongo de l’artiste et l’influence de celle-ci dans ses œuvres.
Dans la deuxième, il s’est contenté de traduire quelques titres marquants du répertoire de Jacques Loubelo dont Kongo dia muangana, qu’il considère comme son testament. Enfin dans la troisième partie, une postface, Mawawa Mâwa-Kiese, évoque le côté pédagogue du chanteur. ‘’L’œuvre poétique et musicale de Jacques Loubelo s’inscrit dans un registre binaire assez particulier. A la base réside toujours un drame existentiel qui est mis en exergue. A travers ses chansons, Loubelo n’est pas qu’un simple témoin d’un quelconque fait insolite. Il utilise une démarche dialectique qui éveille la conscience, pour que celle-ci ne demeure pas prisonnière du fait social évoqué et mis en musique. C’est une démarche pédagogique qui consiste à présenter des situations –problèmes, et à en élaborer des solutions’’ souligne l’auteur. Pour monter cet aspect, il prend comme illustration Ntima luaka (qui pour thème l’amour), Lisanga na biso (l’unité nationale), Na wo tsétsa (la mort) et Mpasi zo (la libération du Congo). Ces titres résument clairement les thèmes récurrents dans l’œuvre de Jacques Loubelo.
Il est vrai que 40 pages, semblent bien minces pour bien analyser et décortiquer une si riche carrière mais Mawawa Mâwa-Kiese a le mérite d’avoir ouvert la voie, plongé les jalons pour une étude plus approfondie dans le futur. Ce livre, résultat d’un chagrin, permet au public, une année après la disparition de Jacques Loubelo de le redécouvrir et de l’apprécié davantage. Une reconnaissance posthume pour cet immense artiste qui avait toujours le sentiment de ne pas avoir été reconnu à sa juste valeur.
Jorus Mabiala : ‘’J’ai réalisé mon rêve !’’
La première projection du film ‘’Un conteur congolais à Paris’’ aura lieu le 30 août prochain à 19h30 au Théâtre du conte de France dans le cadre de Esprit Mbongui 2014, du 29 au 31 août 2014 à Marseille.
Réalisé par Sylvain Trousselle, ce film consacré au conteur Jorus Mabiala a été tourné lorsque l'artiste était à l'affiche au Musée Dapper avec le spectacle Moussi Moussi en 2013. Pendant les 96 minutes que dure le film, le conteur est non seulement sur scène mais aussi dans les rues de la Capitale française. A pieds ou en vélib, de la Place de la Concorde aux Champs-Elysées en passant par la Seine et la Tour Eiffel, l'artiste parle de tout : sa carrière, sa famille et de la condition d’artiste africain en France. ‘’On dit dans le milieu que l'occident et le cimetière des artistes africains, ceux qui vivent en France ne sont connus que des occidentaux pas de la diaspora et encore moins sur le continent’’ explique-t-il ! Drôle et grave, il utilise tout son registre pour rendre la balade agréable.
Il rend hommage à Tâ Benoît, son père récemment disparu, et parle aussi d’Africa Graffitis. Une aventure commencée il y a 19 ans, avec Nestor, le grand-frère, et qui dure encore ; ‘’je ne suis pas sûr si le projet a marché. J’ai une vision, je la suis mais Africa graffitis est fait de gens qui sont venus à ma rencontre ...Et m’ont fourgué ce fardeau ! Mon rêve est devenu réalité mais pour celui d’Africa Graffitis, je ne sais pas !’’ajoute Jorus. Il croit en la force du conte et rien d’autre d’où sa fidélité inconditionnelle à Retour au Mbongui. ‘’Je continue parce que c’est un outil important pour le conte. Le plus important c’est le conte pas les hommes !’’
En effet, le conteur ne croit pas à une prise de conscience collective pour trouver les solutions aux problèmes rencontrés par les artistes aussi bien au Congo qu’en France. ‘’ Je suis convaincu que la prise de conscience collective n’est pas possible, il faut plus rester sur la prise de conscience individuelle. Cela peut paraître pour du pessimisme mais je suis optimiste. Je crois en la force de l’homme, un homme consciencieux. Je ne crois pas au groupe. Le groupe est toujours autour de la vision du leader!’’
Ainsi, il propose une piste de solution sur trois volets-information, formation et rappel. ‘’Il faut passer à l'écrit, même si on revendique l’oralité. Ne pas avoir honte de nos coutumes, rites et langues ; parler de nos origines à nos enfants par le conte. Les enfants d’origine africaine qui vivent en France et ceux restés au pays doivent connaître leur histoire. Ils sont notre avenir’’ conclu le conteur.
Rendez-vous dans la cité phocéenne le 30 août pour voir ce film de Sylvain Trousselle déjà réalisateur de ‘’Retour à Brazzaville’’.
Feux de Brazza : le retour après quatre ans de silence !
Initialement prévue en 2012 et reportée à cause des explosions de M’Pila, la 5e édition de Feux de Brazza se déroulera du 2 au 8 août prochain à M’Filou, 7e arrondissement de
C’est dans un café à gare du nord que l'on s'est retrouvés, le directeur de Feux de Brazza venant de recevoir la seconde partie d’un don de matériels divers offert par Lauryathe Bikouta-Sauget, présidente du tuSeo, le Festival International du rire. ''Je ne peux pas traduire l’émotion qui m’étreint, c’est une surprise à la quelle je ne m’attendais pas. Je crois qu’elle vient de poser un acte qui restera à jamais dans les annales de notre festival. Il n’y a pas plus grand mot pour moi, directeur, tout le personnel et les bénévoles qui travaillent avec moi aux ‘’Feux de Brazza’’, que Merci !''
La joie de recevoir a cédé la place à la satisfaction du devoir accompli. Gervais Hugues est satisfait de sa tournée européenne, il a pu obtenir, grâce au concours du Conseil International de la Musique, le financement par l’UE de la formation des directeurs de festivals et managers de musique. Cette formation aura lieu à Brazzaville en marge du festival. ''Nous avons aussi obtenu de l’UE l’envoi à Brazzaville quinze étudiants de quinze universités européennes pour participer à un stage pratique sur le festival et formés le personnels de Feux de Brazza'' explique t-il.
Ouverte aux congolais et à l’ensemble des africains, cette formation entre dans le cadre du programme de développement musical en Afrique qui se tiendra dans trois pays (Cameroun, Congo et Tanzanie). Le premier module de la formation s’est tenu en Tanzanie et le deuxième aura lieu à Brazzaville en août prochain.
Les thèmes de la formation s’articulent autour du Management des institutions culturelles, la gestion d’une carrière artistique internationale et la professionnalisation des festivals. ''Nous avons proposé cela en ayant constaté qu’en Afrique, il y a beaucoup d’autodidactes qui évoluent dans le secteur culturel, il va falloir leur apporter une formation locale et le perfectionnement fera que demain, ils arriveront à diversifie et à s’autofinancer'' ajoute le directeur. Il est prévu également un atelier d’initiation pour enfants de 8 à 15 ans qui regroupera près d’une vingtaine d’enfants de la sous région. Cet atelier, qui bénéficiera du soutien du Conseil africain de la musique, permettra aux enfants de pouvoir s’habituer à certains instruments africains. Cet atelier est en relation avec le thème de cette édition. En effet, le festival s’est donné comme mission de recenser et d’identifier les instruments africains, une façon de rendre hommage aux créateurs anonymes de la sanza, du balafon ou la kora. Même si l’objectif à long n’est pas de créer un musée, ''si les gens étaient dans les dispositions de travailler en approche systématique, le travail que nous faisons est de renforcer le Musée panafricain de musique parce que le Fespam a déjà un musée à Brazzaville. L’objectif pour nous est de travailler pour mais est-ce que le Fespam lui-même capable de distribuer les rôles ? C’est une autre paire de manche. Mais, nous travaillons dans ce sens pour aider à collectionner les pièces pour le Musée panafricain de musique'' poursuit Gervais Hugues Ondaye.
Lancé en mai 2005, Feux de Brazza est devenu, selon son directeur, ''une grande, grande, grande et grosse entreprise, ce sont des centaines de festivaliers qui viennent du monde entier’’ avec pour principale mission ‘’de faire en sorte que les danses, les chants, tous ces outils traditionnels soient transformés en outils didactiques pour intégrer le système scolaire, parascolaire et universitaire parce que nous devons étudier cette musique dans les écoles et dans les universités''.
Il a grandi malgré l’environnent congolais peu propice à l’épanouissement des activités culturelles en tout genre. ''Nous aurions aimé que le gouvernement, dans son rôle d’accompagnement, assiste financièrement tous les événements culturels du Congo pas seulement Feux de Brazza. Mais, ça ne vient pas encore ! Nous pensons qu’à travers les testes d’application de la Loi d’orientation culturelle 2010 que le gouvernement puisse mettre un peu d’argent à la disposition des porteurs de concepts'' déplore t-il !
Ce sentiment dépit n’a pas duré longtemps sur son visage son sourire est vite réapparu et ses yeux ont brillé quant il a fallu abordé sa réélection au bureau exécutif du Conseil International de la Musique en novembre dernier à Brisbane en Australie pour un dernier mandat de deux ans. ''Je me suis retrouvé seul devant le monde et j’ai été réélu ! C’est un motif de fierté et de satisfaction. Je crois que je vais continuer à travailler et faire en sorte que la voix de l’Afrique soit toujours entendue en bien mais pas toujours l’Afrique qui pleure et misérable. L’Afrique des slogans est passée !'' conclu Gervais Hugues Ondaye.
Au bonheur des enfants!
Sous la direction du conteur congolais Jorus Mabiala, les enfants des écoles de Reillanne (France) et Tambacounda (Sénégal) ont réalisé un ouvrage commun intitulé ‘’Le Bonheur conté dès l’enfance, petits contes et histoires…’’ paru en juin 2013. Une initiative de l’Association Tambacounda-Reillanne.
Dix huit histoires et contes ayant tous trait au bonheur. Pour les enfants, il est simple, les gestes ou actions les plus anodins peuvent être de moments de pur bonheur.
‘’Le jour de la naissance de ma petite sœur, j’étais très heureuse, toute la famille était contente. Je me rappellerai toute ma vie de la joie qui m’a habitée ce jour’’ raconte Khadidia Thiam, tandis que pour Boubacar Marea ‘’le 4 avril, jour de
A l’exception du conte sénégalais ‘’le secret du bonheur’’, tous les autres récits ont été écrits par ces êtres innocents, français et sénégalais, sous la supervision de Jorus Mabiala. Le conteur congolais, installé depuis plusieurs années dans le sud de
‘’J’ai utilisé le courrier avec les enfants de Tambacounda sur les bases de trois semaines fait avec ceux de Reillanne. J’ai raconté aux enfants les histoires traditionnelles d’Afrique Centrale, notre point de vue était envoyé au Sénégal et les enfants de Tambacounda réagissaient sur nos idées, puis je faisais un laboratoire pour écrire les travaux. Je voulais que les enfants réfléchissent avec moi. Ensuite, j’ai fait le choix définitif’’ explique le conteur.
Ce choix ce sont les dix huit histoires et contes illustrés par les dessins faits par les enfants et expliquant leur conception du bonheur (vie de famille, parents, les villages…).
Cet ouvrage est un projet de l’association Tambacounda-Reillanne, qui existe dans les deux villes. Créée en 2002 à l’initiative de son présidente Laurence Destombes qui, au cours d’un voyage touristique au Sénégal en 1999, est touchée par l’extrême dénuement dans lequel étudient les élèves de l’école maternelle municipale de Tambacounda, décida d’entreprendre des actions de solidarité qui aboutirent à la création de deux associations jumelles à Reillanne et à Tambacounda. La scolarité de 800 enfants ce cette ville est soutenu par ce partenariat.
‘’Faire un livre nous tenait à cœur depuis longtemps. Nous sommes fiers aujourd’hui de présenter le livre des enfants du Nord et du Sud. Leur œuvre commune restera dans les familles comme une belle trace de cette aventure humaine’’ souligne la présidente avant d’ajouter ‘’Les vente de ce livre vont permette de poursuivre les actions engagées, et d’alimenter le nouveau projet : création d’un puits à l’école maternelle, et la construction de blocs sanitaires’’.
Il est admirable de voir qu’un simple constat personnel ait pu susciter un tel élan de solidarité sur deux continents pour le grand bonheur des enfants. Le bonheur c’est aussi vivre dans un monde où les enfants sont heureux.
Election Miss Congo-France 2014: Beaucoup de bruit pour si peu!
Je me faisais une joie d’assister, samedi 22 février dernier, à l’élection Miss Congo-France, la première depuis que je suis en France. J'avais tellement entendu parlé et lu des articles sur cet événement, je m'attendais à quelque chose de grandiose et de magnifique, le lieu choisi, une salle du 8e non loin des Champs-Élysées et de l’Arc de Triomphe, était attrayant mais je fus vite déçu!
Ma joie a vite été refroidie non pas par le climat mais par la désorganisation à laquelle j’ai assisté. Prévue pour 18 heures, l’élection n’a débuté qu’autour de 22 heures ! Ce qui a fait dire à une collègue que ''la ponctualité n’était pas la chose la mieux partagée au monde'', ironisant sur la célèbre citation de Descartes.
Elise Bouala, Miss Congo-France 2014 (extrême droite)
Pendant ce temps, nous avons eu droit à une animation indigeste, la mauvaise sono n’a pas aidé les artistes à bien s’exprimer. Leurs efforts pour interpréter les classiques connus de Papa Wemba, Koffi Olomidé, M’Bilia Bel ou Zao ont plus étaient du bruit qu’autre chose. Cette mauvaise sono n’a pas non plus été d’un grand secours pour les candidates lors de leur discours ! On les entendait à peine et pourtant le public était très bruyant, je n’ai pas compris pourquoi. L’élection a fini par devenir secondaire et le nom de la jeune femme qui allait succéder à Bénédicte Ngiambila n'importait peu. Les à-côtés devenant plus intéressants que le spectacle! Cela ne m’empêche pas de féliciter Elise Bouala, qui représentait la région des Plateaux, pour son élection ''à l’unanimité''. Elle incarnera pendant les douze prochains mois la beauté congolo-française!
Je croyais naïvement qu’en France, on organisait mieux qu’au Congo mais après mon expérience d’hier, je pense sincèrement qu’une bonne organisation ne dépend pas du lieu où l’on se trouve plutôt des compétences des organisateurs ! Et comme aucun pays n’a l’apanage de l’incompétence, je comprends mieux ! Il manque aussi des compétences en France.
Lorsque le concours a enfin commencé, l’animatrice de la soirée n’a aucun mot d’excuse pour le public qui est resté, pour certains, 4 heures à attendre au contraire, elle n’a que cette phrase à la bouche ''asseyez vous messieurs et mesdames nous allons devoir commencé notre élection''! C’est comme si le grand retard et la mauvaise qualité du son n’étaient pas graves ! Rien de normal, nous sommes des congolais (des deux rives !), la notion de l’heure à une autre signification. Cet état de fait s’est vérifié avec l’arrivée massive des invités rendant du coup la salle petite, certains spectateurs sont restés debout. Au pays ou à l’extérieur, les congolais ont un véritable problème avec la ponctualité, l’anormal est devenu normal dans les habitudes. J’ai la désagréable impression que le public ‘’quémandait’’ la soirée.
Et dire que le concours à son 6e édition ! Les enseignements des cinq éditions précédentes n’ont pas dû être bien retenus. Une autre amie, habituée des événements culturels en île-de-France, a eu cette phrase pour résumer le tout ''c'était nul avec des longueurs inutiles. Je n'y mettrais certainement plus les pieds''! Beaucoup de spectateurs, fatigués d'attendre, ont quitté la salle sans attendre la fin!
En fait de compte, la soirée a été riche d’enseignements, j’ai pu voir l’organisation congolaise à Paris, pas trop différente de celle au pays (on voyage avec nos qualités et nos défauts en dirait!) et j’ai échangé avec des collègues sympathiques. Le déplacement en valait la peine et c’est vraiment beau l’Arc de Triomphe la nuit même dans le froid.
On se donne rendez-vous pour la 7e édition en espérant qu'elle sera meilleure que les autres. Ne dit-on pas que le chiffre 7 est celui de l'accomplissement.