Politique
Est-ce le début du commencement de la fin ?
Le 9 décembre dernier, Denis Sassou-Nguesso déclarait à la face du monde : ‘’Nous devons poursuivre l'oeuvre de Nelson Mandela afin que l'Afrique prenne la place qui lui revient dans la communauté internationale’’. Une semaine après, le 16 décembre, il a prit le chemin contraire, le chemin de la barbarie, il a tiré l’Afrique et le Congo vers le bas. Vers les affres du désespoir que l’on croyait ne plus revivre. Il a décidé d’appliquer à sa manière une ‘’décision de justice’’. Dans un état démocratique, comme le Congo selon ses dires, est ce à l’armée d’appliquer une décision de justice ? Je ne pense pas et je crois que c’est du ressort de la police. Mais notre police étant plus une milice, il est difficile de voir autre chose dans ses motivations que le strict respect de la loi.
Le Commandant en chef n’a pas hésite à envoyé des militaires armés jusqu’aux dents, des hélicoptères pour arrêter un seul individu (un colonel !).
La manière est sans rappelé celle utilisée le 5 juin 1997 sauf que le dormeur d’il y a 16 ans a changé de rôle. Marcel Ntsourou a été l’un des artisans de son retour au pouvoir, celui qui avait ‘’conquis’’ Ponton la Belle. Aujourd’hui, la donne a changé, il est aux arrêts, son domicile criblé de balles, certains de ses hommes morts au cours de l’assaut.
Le fidèle est tombé en disgrâce et pourquoi vouloir à tout prix le voir mort ? Marcel Ntsourou en sait trop sur plusieurs affaires dont celle des ‘’Disparus du Beach’’ et le général n’a pas envie de le voir parler à la justice française.
Cette opération n’est finalement qu’un règlement de comptes entre amis et ça m’aurait laissé tout à fait indifférent si la vie des citoyens, qui croupissent dans la misère, n’était menacée. Le colonel avait choisi de travailler pour le général, il s’est sali les mains pour lui et maintenant, certains voudraient le faire passer pour un héros. Je ne suis pas de cet avis et je pense que d’une certaine façon, Marcel Ntsourou mérite ce qui lui arrive. Lorsqu’on pactise avec le diable, on doit être prêt à en payer le prix sauf que ce n’est pas lui qui a payer. Ce sont ses hommes. Il a préféré se rendre alors qu’il avait jurer à la radio combattre jusqu’à son dernier souffle. Lorsqu’on se prend pour Diawara ou le Che et qu’on frime, on ne laisse pas sa garde se faire massacrer. Le colonel s’es dégonflé, il aurait mieux fait de fermer sa ‘’gueule’’ à moins que tout cela ne soit qu’une mise en scène macabre et Marcel Ntsourou continue à rouler pour Denis Sassou-Nguesso. seul l'avenir nous le dira!
Malgré tout, je suis fier de la posture du colonel et je pense que c’est de cette manière que les congolais arriveront à faire plier le général ! Denis Sassou-Nguesso n'écoute que la voix de la violence et c'est bien que la provocation de Marcel Ntsourou lui ait fait sortir de ses gonds au point d'étaler sa bestialité devant le monde entier, que ni le passage chez le pape, ni la paix qu'il professe sans en incarner un seul iota ne peuvent empêcher. L’homme de paix, ‘’négociateur infatigable’’ dans beaucoup de crise africaines, a été incapable de négocier avec son ancien homme de confiance.
Maintenant que le monde entier est au courant, comment va-t-il gérer cet encombrant colonel ? Ira-t-il jusqu’au bout de ses envies ? Venir cas de conscience et les insomnies seront de la partie du côté du palais !
A mon sens, c’est le début du commencement, voir les fidèles de Marcel Ntsourou défier la milice du président prouve que le martyre ne fait plus peur. Les congolais savent maintenant très bien ce qu’il faut faire pour en finir avec la dictature. En même temps, combien de congolais ont le courage et l’envie de se sacrifier pour une cause commune ? Pas beaucoup sûrement mais la détermination de quelques-uns peut amener la majorité à changer. Avec toutes les affaires qui pèsent sur le clan, Biens mal acquis notamment, ils vont multiplier les maladresses par peur. Jusqu'à maintenant ils s'arc-boutent sur "la loi"! Qu’en sera t-il lorsqu’ils perdront leur légitimité ? Le peuple n'aura plus peur!
J'étais là d'une certaine façon!
J’aurais aimé être à Soweto, j’aurais aimé vivre cette ambiance incroyable de deuil et de fête, j’aurais aimé prendre le bus ou le métro tôt ce matin comme de milliers des sud africains, j’aurais aimé marché sous la pluie pour arriver au Soccer City, j’aurais aimé danser, chanter et écouter les discours, j’aurais aimé hué sur le président sud africain et partir lorsqu’il a commencé son discours fleuve, j’aurais aimé faire tout ce qu’ont fait les milliers des personnes qui étaient présentes en Afrique du Sud ce mardi 10 octobre 2013.
Seulement, je n’ai rien fait de tout cela. Physiquement du moins ! Par contre, je n’ai pas manqué une seule miette de la retransmission des hommages à Madiba. J’ai vu une concentration incroyable des chefs d’états et anciens chefs d’état jamais vu, je ne pense pas qu’au Palais de Verre à New York on puisse voir cela. J’ai vu la bise, sur la bouche, de Winnie à Graça ; j’ai vu la tendresse d’Obama pour la veuve de Madiba ; j’ai vu la poignée de main entre le président américain et Raùl Castro, le cubain ; j’ai vu Hollande et Sarkozy ensemble et j’ai vu des instants incroyables ! Merci Madiba pour avoir d’une certaine façon contraint ces grands à ce genre de geste.
Au-delà de cet aspect un peu people, j’ai suivi avec intérêt les différents discours. J’ai été ému par les petits-enfants de Madiba et son ex compagnon de bagne, j’ai été séduit par Ban Ki-moon. ‘’L’Afrique du Sud a perdu un héros, nous avons perdu un père, le monde a perdu un ami cher, un mentor. Nelson Mandela était bien plus qu’un des plus grands leaders de notre temps’’ a dit le secrétaire général de l’Onu. Il a su trouver les mots pour traduire ce que le monde entier pense.
Celui du président américain, la star de la cérémonie, m’a conquis. Je retiens cet extrait : ‘’il y a trop de dirigeants qui clament haut et fort les biens faits de la solidarité tout en ne permettant pas à leur propre peuple de s’émanciper’’. Loin d’être le meilleur discours de sa carrière, celui-ci a le mérite d’avoir rabattu le clapet à tous ses dirigeants qui, depuis l’annonce du décès de Nelson Mandela le 5 décembre dernier, appellent à pérenniser l’héritage du sage. Ils y vont de leur petite phrase pour amuser la galerie. Ils décrètent des périodes de deuil pour se donner bonne conscience (10 jours au Congo-Brazzaville).‘’Nous devons poursuivre l'oeuvre de Nelson Mandela afin que l'Afrique prenne la place qui lui revient dans la communauté internationale’’ dixit Denis Sassou-Nguesso, le président congolais, dans les Dépêches de Brazzaville (numéro 1883 du 9 décembre 2013). Ce type de phrase en dit long sur le mépris et le cynisme que les dirigeants africains ont pour leurs concitoyens. Dans tout ça, ils oublient que la meilleure façon d’honorer sa mémoire est d’être solidaire et juste, d’être des guides éclairés pour leur peuple.
Et c’est ce que le président américain a tenu à leur rappeler d’autant plus que certains chefs d’état à la réputation sulfureuse et qui ne veulent pas céder le pouvoir étaient assis tranquillement dans les tribunes.
Qu’ont-ils ressenti en écoutant ce discours ? Que se sont-ils dit intérieurement ? Je donnerais tout pour le savoir mais je ne le saurais jamais. Je pense plutôt qu’ils n’en tiendront pas compte, pour eux ce n’est qu’un discours de plus qui n’apportera rien. Ils n’écoutent qu’eux-mêmes ou leurs griots et ils se sentent investis d’une mission divine. Est-ce qu’un simple discours peut avoir d’effet sur eux ? Eux qui ont su museler l’opposition, la presse, les syndicats et transformer leur peuple en des simples pantins. Eux qui sont passés maîtres dans l'art de s'enrichir illicitement!
Madiba est parti, le monde continuera à tourner avec son lot de problèmes. Les dictateurs seront toujours en place en train de mijoter des stratégies pour s’éterniser au pouvoir, les peuples seront toujours dans la peur.
Les idées de Nelson Mandela comme celles de Patrice Lumumba ou Steve Biko ne seront pas suivies par la grande majorité. Elles seront reléguées aux oubliettes. Alors, j’ai aimé ces instants, le temps d’une cérémonie j’ai eu l’impression que le monde était merveilleux.
Pourtant c’est loin d’être le cas. Merci qui ? Merci Madiba !
Hamba Kahle, Madiba!
Le plus illustre des enfants d'Afrique s'en est allé ce 5 décembre 2013 à 95 ans. Sa vie et son combat sont des exemples pour tout être humain. Celui qui disait ''Il faut d'abord être honnête avec soi même. On ne parvient jamais à avoir un impact sur la société si l'on ne se transforme pas soi même'' a marqué l'histoire de l'humanité de son empreinte.
Nelson Mandela a passé toute sa vie à lutter pour l’égalité des races, le respect de la dignité humaine. Il a passé une grande partie de sa vie à casser les pierres en prison. Pourtant, une fois libre et récompensé du Prix Nobel de la paix, il n’est resté que cinq ans à la tête de son pays. Son aura et son charisme lui auraient permis de se faire élire pour plusieurs mandats s’il l’avait souhaité. Mais, l’homme était au dessus de tout cela, ce n’était pas son genre de s’éterniser au pouvoir comme les autres présidents africains. Il ne commis pas la maladresse que d’autres pères fondateurs avaient commise : profiter du statut de héros pour s’accaparer du pouvoir !
L’intérêt collectif primait sur les siens. Tel un capitaine, il a conduit le navire arc-en-ciel à bon port et à laisser la barre aux plus jeunes.
Il ne se battait pas pour lui ni pour les noirs, il se battait pour son pays et pour tous les peuples opprimés. Président, il aurait pu se venger pour tout le mal qu’il avait subi, ses années de prison et les humiliations, il ne le fit pas et prôna au contraire le pardon au grand dam des faucons de l’ANC qui criaient vengeance. ‘’Au plus profond de chaque cœur humain se trouvent la miséricorde et la générosité’’ affirmait-il. Il croyait en la bonté de chacun de nous.
Jamais l’Afrique n’aura eu un tel enfant ! Un enfant différent des autres à tel point qu’il suscita l’admiration du monde entier et rendit au continent un peu de sa fierté. Tout le monde voulait le voir et le toucher avant de mourir. Seulement, il est mort avant que je ne puisse le toucher. Dommage pour moi ! J’étais son contemporain, c’est ma consolation.
J’étais encore un adolescent lorsque j’ai entendu parler de lui pour la première et ensuite toute ma génération a repris le refrain d’Asimbonanga, la chanson de Johnny Clegg, le ‘’zoulou blanc’’ : ‘’Nous ne l’avons pas vu. Nous n’avons pas vu Mandela. A l’endroit où il est prisonnier. A l’endroit où on le retient prisonnier’’
On ne comprenait pas bien l’anglais encore moins le zulu et pourtant on fredonnait cette chanson à longueur de journée. On a vu et revu les images du concert hommage de ses 70 ans à Wembley. On s’était pris de passion pour l’Afrique du Sud, on écoutait Yvonne Chaka Chaka, on a redécouvert Miriam Makeba, on a participé à l’opération ‘’Fond Africa’’ et chaque matin, sur Radio-Congo, Georges Bakari nous faisait pleurer avec ses faits divers dramatiques sur la condition des noirs en Afrique du Sud. J’ai aussi pleuré, seul dans ma chambre, en lisant ‘’Pleure, ô pays bien-aimé’’ d’Alan Paton et devant ma télé en suivant le film ‘’Amok’’ de Souheil Ben Barka... Comme tout jeune de cette génération, j'avais envie de me battre, arme à la main, contre l'apartheid!
Personne ne savait vraiment à quoi ressemblait Nelson Mandela après toutes ces années, de lui on avait que des vieilles photos avec cette raie sur le front. Et le 11 février 1990, on le vit enfin, âgé et heureux mais pas fatigué, prêt pour le combat le plus difficile : réconcilier la nation. ‘’Je ne passerai par ce monde qu’une seule fois et je ne veux pas dévier de ma mission qui est celle d’unifier la nation’’ disait-il !
Devant mon poste téléviseur noir et blanc, je n’ai rien manqué des événements de ce dimanche. En ce jour du Seigneur, un seigneur d’un autre genre recouvrait la liberté. Je n’en revenais pas, il était libre enfin!
J’ai suivi sa vie d’homme libre avec intérêt, j’ai lu son livre et ceux qui lui étaient consacrés, j’ai vu les films adaptés de sa vie avec sa passion (‘’Good bye Bafana‘’ de Bill August et ’Invictus’’ de Clint Eastwood). J’attends de voir le tout dernier, ‘’Un long chemin vers la liberté’’ de Justin Chadwick.
Ces derniers mois, je priais pour lui, je savais bien que le jour du grand départ n’était plus loin, il n’était plus le fringant avocat passionné de boxe qui attirait le regard féminin. ‘’Je n’y peux rien si les dames me remarquent ; je ne vais pas me plaindre’’. Il était vieux et fatigué, l’heure du repos approchait et le monde s’était comme arrêté de tourner, on avait tous les yeux braqués vers l’Afrique du sud. Il aura tenu jusqu’à ce 5 décembre fatidique. Il s’en va, en paix, à 95 ans. Il a accompli sa mission.
Ironie du sort, le plus illustre des africains meurt vingt quatre avant l’ouverture, à Paris, du Sommet France-Afrique au cours duquel les moins illustres des africains maintiennent nos pays sous la dépendance. Chacun d’eux aura son mot à dire sur Nelson Mandela, sur sa vie et de son combat mais personne n’aura assez de courage pour faire comme lui : quitter le pouvoir même lorsque la constitution l’exige ! Par contre, ils se bousculeront tous pour être aux obsèques!
Ce qui m'attriste ce n'est pas tant la mort de Nelson Mandela mais plutôt l'absence de modèles vivants maintenant qu'il n'est plus là. On a eu Patrice Lumumba, Steve Biko, Thomas Sankara et Nelson Mandela. Maintenant on a qui? Personne!
Je regarde à gauche et à droite, je ne vois que des mauvais exemples.
Je pleure!
Je m'interroge!
Pourquoi vouloir continuer à être président de la République lorsqu’on occupe le poste depuis des années et qu’on a échoué lamentablement ?
C’est la question que je me pose depuis quelques jours, depuis qu’un ami m’a fait parvenir, via le net, un article de Jeune Afrique dans lequel il est question de douze chefs d’États africains qui seraient tenté de modifier leur constitution afin de continuer à rester au pouvoir.
Entre 2015 et 2017, leurs mandats arriveront à échéance et ne pourront être renouvelés. Constitution oblige !
Dans cette liste restreinte, qui comprend entre autre Ellen Johnson Sirleaf, la première femme élue au suffrage universel à la tête d'un État africain, se trouve en très bonne position Denis Sassou Nguesso, président de la République du Congo. Tata Mokonzi comme on l’appelle affectueusement à Brazzaville et à Pointe-Noire, est un dinosaure sur l’échiquier continental et national. Il est celui qui est resté le plus longtemps à la tête du pays.
Il cumule 29 ans de pouvoir entre 1979 et aujourd'hui. Seul Pascal Lissouba, 1992 et 1997, a réussi à s’intercaler avant d’être destitué ! Comme si personne d’autre que le Général n’avait le droit de diriger le Congo, un pays qui, selon une chanson propagandiste très en vogue dans les années rouges, lui avait été légué en héritage par Marien Ngouabi. Son mandat actuel s’achève en 2016, année des prochaines élections présidentielles.
Pourtant la question de sa candidature ou de sa succession, c’est selon, se pose déjà avec acuité car l’homme d’Oyo a eu 70 ans le 23 novembre dernier, atteignant ainsi la limite d’âge fixée par l’article 58 de la constitution. Et après son élection en 2002 et sa réélection en 2009, il a aussi atteint la limite en terme de nombre de mandat (article 57). Sur tous les fronts constitutionnels, l’homme est hors jeu ! Mais est-il prêt pour autant à céder sa place et à quitter la pelouse? Rien n’est moins sûr !
Quelques signes laissent entrevoir une possibilité de révision de cette constitution cousue pour lui en 2002. Pour ses partisans, il doit continuer sa ‘’mission’’ à la tête du pays, il faudrait donc lui accorder encore du temps pour qu’il termine ses ''projets''. Le ‘’chemin d’avenir’’ n’a pas encore atteint son terminus (faire du Congo un pays émergeant d’ici 2025). Pour les autres, il est temps qu’il parte ! Il a trop fait du mal au pays. Il a eu sa chance et n'a rien pu faire avec!
Qu’a-t-il fait en 29 ans de pouvoir pour réclamer une seconde chance ?
Rien du tout sauf des promesses non tenues! Sur tous les plans, le pays a touché le fond, rien ne marche. Dans le récent classement des économies Doing Business 2013, publié par la Banque Mondiale, le Congo occupe la 185e place sur 189. Ce rapport souligne ‘’la difficulté de faire des affaires au Congo-Brazzaville selon les indicateurs suivants: création d’entreprise, octroi de permis de construire, raccordement à l’électricité, transfert de propriété, obtention des prêts, protection des investisseurs, paiement des impôts, commerce transfrontalier, exécution des contrats, règlement de l’insolvabilité.’’ Seuls le Soudan du Sud, la Libye, la RCA et le Tchad font moins bien.
Ce classement, que certains pourraient contester , illustre très bien la situation catastrophique dans laquelle se trouve le pays. Une situation que vivent quotidiennement les congolais; le minimum vital n’est pas assurée à une population livrée à elle sous prétexte que ‘’l’état providence est mort’’. Pas de protection sociale, pas d’eau (les bidons jaunes sont devenus des biens précieux) et d’électricité de qualité (Pointe-Noire vient de passe plusieurs jours dans le noir complet), pas d’éducation dans les bonnes conditions (les élèves sont assis à même le sol alors que le pays est un exportateur de bois), pas de soin de santé de qualité ( les notables se font soigner en Europe, au Maroc ou en Afrique du Sud), un réseau routier inexistant, le chemin de fer n’existe que de nom, (il faut plus de 24h pour couvrir les 510 km qui séparent Brazzaville à Pointe-Noire) et l’urbanisation sauvage (chaque pluie provoque des inondations dans les deux grandes villes).
Pendant que la population croupie dans la misère, lutte pour survivre, les apparatchiks s’enrichissent ostentatoirement. Le clivage entre nantis et pauvres s'est élargi!
Le problème est patent, tout le monde le sait mais personne n’agit comme il faut. Tous les plans, ‘’La Nouvelle espérance’’, ‘’Le Chemin d’avenir’’ sans oublier la très boulimique ‘’Municipalisation accélérée’’ n’ont fait qu’engloutir l’argent du pays et favoriser l’enrichissement illicite. ‘’Le développement et la grandeur d’un pays se réalise grâce au travail. Celui-ci se valorise à travers l’éducation, la formation et la recherche. Aujourd’hui dans notre pays, la valeur travail est négligée au profit de l’appât du gain facile et de l’irresponsabilité’’ souligne Jean Luc Malekat, Ministre du Budget et des Finances du Gouvernement de Transition 1991-1992.(1)
Bien entendu, les partisans du présient peuvent toujours chanter leur refrain favori sur la paix et la sécurité retrouvées (ne l'appellent-ils pas ''Apôtre de la paix''?). Mais la paix se limite t-elle simplement à l’absence de conflit armé ? Un peuple qui ne mange pas à sa faim ne livre t-il pas une guerre de survie ? Un peuple qui doit supporter la corruption et la concupiscence n’est-il pas en danger ? Un peuple qui doit supporter la brutalité policière et militaire n’est-il pas en insécurité?
Certes les armes se sont tues depuis des années mais, chaque jour, les congolais livrent bataille sur d'autres terrains: l’alimentation, la santé, l’emploi, l’éducation, les tracasseries administratives,… Chaque jour au Congo, est une véritable guerre !
Lorsqu’on n’a pas pu accomplir une mission, il faudrait avoir le courage non seulement de le reconnaître mais aussi la décence de laisser la place à quelqu’un d’autre.
J’espère qu’ici là, Denis Sassou-Nguesso respectera la constitution, donc la volonté du peuple, et cédera le fauteuil de président à une personne plus qualifiée.
J'ai bien dit j'espère!
55 ans d'espoirs déçus!
La République du Congo a été proclamée le 28 novembre 1958 à Pointe-Noire, alors Capitale du Moyen-Congo. Son acte de naissance a été signé au siège de l’Assemblée territoriale, aujourd’hui bâtiment délabré qui abrite l’Ecole paramédicale Jean-Joseph Loukabou. La majorité des ponténegrins qui passent devant semblent ignorer son passé glorieux !
A 55 ans, la République est comme une Dame qui n’a plus rien à voir avec ce passé et des espoirs que ses pères fondateurs (Fulbert Youlou, Jacques Opangault ou Stéphane Tchitchéllé) plaçaient en elle.
Depuis sa naissance, sa vie est mouvementée, la douleur et la souffrance sont son lot quotidien : les troubles armés ethnico-politiques, les révolutions en tout genre, les coups d’état ou les tentatives, la Conférence nationale souveraine. Et que dire de la misère et de la pauvreté quotidiennes ?
Pourtant, elle était désirée par ses pères, sa grossesse a été très difficile, plusieurs décennies de lutte et de sacrifice, mais sa naissance fut promesse d’un avenir radieux. Ses pères l’aimaient et avaient de grands projets pour elle, ils voulaient lui offrir de l’éducation de qualité, un environnement sain où grandir et ils voulaient qu’elle mange à sa faim, qu’elle s’épanouisse comme tout enfant.
Seulement, d’autres gens en avaient décidé autrement. Plus malins, plus méchants et plus ignobles que ses pères et surtout n’ayant pas le patriotisme et la vision de ceux-ci, ils ont vite fait de les évincer. Sa vie a changé radicalement, le désespoir a fait place à l’espoir !
Ces nouveaux pères ont plus profité d’elle qu’ils ne se sont mis à son service. Ils ont sucé ses mamelles (pétrole, bois et autres minerais) mais ils n’ont pas pensé à assainir sa parcelle, sa maison n’est toujours pas électrifiée, elle n’a pas de l’eau potable, elle doit aller le puiser à l’aide des bidons jaunes. Ils se servent d’elle lorsque leurs intérêts sont en jeu, l’utilisent et l’ignorent une fois ceux-ci satisfaits.
En plus de 20.000 jours sur terre, elle a changé de noms, de tenue et de direction, elle est fatiguée de ce mauvais traitement et voudrait reprendre son destin en main. Celui que ses vrais pères avaient conçu pour elle.
Ils doivent se retourner dans leurs tombes en voyant la situation dans laquelle se trouve leur fille chérie, celle pour qui ils ont consacré tout leur temps et toute leur énergie. Et se demandent sans doute pourquoi ils ont laissé cette situation arriver, pourquoi ils ton si mal choisi leurs collaborateurs. Comment faire aujourd’hui pour la ramener dans le droit chemin ? Personne n’a la formule magique surtout pas elle-même !
C’est ce qui rend son avenir encore plus sombre, le bout du tunnel est loin et la lueur d’espoir très infime !