Je m'interroge!
Pourquoi vouloir continuer à être président de la République lorsqu’on occupe le poste depuis des années et qu’on a échoué lamentablement ?
C’est la question que je me pose depuis quelques jours, depuis qu’un ami m’a fait parvenir, via le net, un article de Jeune Afrique dans lequel il est question de douze chefs d’États africains qui seraient tenté de modifier leur constitution afin de continuer à rester au pouvoir.
Entre 2015 et 2017, leurs mandats arriveront à échéance et ne pourront être renouvelés. Constitution oblige !
Dans cette liste restreinte, qui comprend entre autre Ellen Johnson Sirleaf, la première femme élue au suffrage universel à la tête d'un État africain, se trouve en très bonne position Denis Sassou Nguesso, président de la République du Congo. Tata Mokonzi comme on l’appelle affectueusement à Brazzaville et à Pointe-Noire, est un dinosaure sur l’échiquier continental et national. Il est celui qui est resté le plus longtemps à la tête du pays.
Il cumule 29 ans de pouvoir entre 1979 et aujourd'hui. Seul Pascal Lissouba, 1992 et 1997, a réussi à s’intercaler avant d’être destitué ! Comme si personne d’autre que le Général n’avait le droit de diriger le Congo, un pays qui, selon une chanson propagandiste très en vogue dans les années rouges, lui avait été légué en héritage par Marien Ngouabi. Son mandat actuel s’achève en 2016, année des prochaines élections présidentielles.
Pourtant la question de sa candidature ou de sa succession, c’est selon, se pose déjà avec acuité car l’homme d’Oyo a eu 70 ans le 23 novembre dernier, atteignant ainsi la limite d’âge fixée par l’article 58 de la constitution. Et après son élection en 2002 et sa réélection en 2009, il a aussi atteint la limite en terme de nombre de mandat (article 57). Sur tous les fronts constitutionnels, l’homme est hors jeu ! Mais est-il prêt pour autant à céder sa place et à quitter la pelouse? Rien n’est moins sûr !
Quelques signes laissent entrevoir une possibilité de révision de cette constitution cousue pour lui en 2002. Pour ses partisans, il doit continuer sa ‘’mission’’ à la tête du pays, il faudrait donc lui accorder encore du temps pour qu’il termine ses ''projets''. Le ‘’chemin d’avenir’’ n’a pas encore atteint son terminus (faire du Congo un pays émergeant d’ici 2025). Pour les autres, il est temps qu’il parte ! Il a trop fait du mal au pays. Il a eu sa chance et n'a rien pu faire avec!
Qu’a-t-il fait en 29 ans de pouvoir pour réclamer une seconde chance ?
Rien du tout sauf des promesses non tenues! Sur tous les plans, le pays a touché le fond, rien ne marche. Dans le récent classement des économies Doing Business 2013, publié par la Banque Mondiale, le Congo occupe la 185e place sur 189. Ce rapport souligne ‘’la difficulté de faire des affaires au Congo-Brazzaville selon les indicateurs suivants: création d’entreprise, octroi de permis de construire, raccordement à l’électricité, transfert de propriété, obtention des prêts, protection des investisseurs, paiement des impôts, commerce transfrontalier, exécution des contrats, règlement de l’insolvabilité.’’ Seuls le Soudan du Sud, la Libye, la RCA et le Tchad font moins bien.
Ce classement, que certains pourraient contester , illustre très bien la situation catastrophique dans laquelle se trouve le pays. Une situation que vivent quotidiennement les congolais; le minimum vital n’est pas assurée à une population livrée à elle sous prétexte que ‘’l’état providence est mort’’. Pas de protection sociale, pas d’eau (les bidons jaunes sont devenus des biens précieux) et d’électricité de qualité (Pointe-Noire vient de passe plusieurs jours dans le noir complet), pas d’éducation dans les bonnes conditions (les élèves sont assis à même le sol alors que le pays est un exportateur de bois), pas de soin de santé de qualité ( les notables se font soigner en Europe, au Maroc ou en Afrique du Sud), un réseau routier inexistant, le chemin de fer n’existe que de nom, (il faut plus de 24h pour couvrir les 510 km qui séparent Brazzaville à Pointe-Noire) et l’urbanisation sauvage (chaque pluie provoque des inondations dans les deux grandes villes).
Pendant que la population croupie dans la misère, lutte pour survivre, les apparatchiks s’enrichissent ostentatoirement. Le clivage entre nantis et pauvres s'est élargi!
Le problème est patent, tout le monde le sait mais personne n’agit comme il faut. Tous les plans, ‘’La Nouvelle espérance’’, ‘’Le Chemin d’avenir’’ sans oublier la très boulimique ‘’Municipalisation accélérée’’ n’ont fait qu’engloutir l’argent du pays et favoriser l’enrichissement illicite. ‘’Le développement et la grandeur d’un pays se réalise grâce au travail. Celui-ci se valorise à travers l’éducation, la formation et la recherche. Aujourd’hui dans notre pays, la valeur travail est négligée au profit de l’appât du gain facile et de l’irresponsabilité’’ souligne Jean Luc Malekat, Ministre du Budget et des Finances du Gouvernement de Transition 1991-1992.(1)
Bien entendu, les partisans du présient peuvent toujours chanter leur refrain favori sur la paix et la sécurité retrouvées (ne l'appellent-ils pas ''Apôtre de la paix''?). Mais la paix se limite t-elle simplement à l’absence de conflit armé ? Un peuple qui ne mange pas à sa faim ne livre t-il pas une guerre de survie ? Un peuple qui doit supporter la corruption et la concupiscence n’est-il pas en danger ? Un peuple qui doit supporter la brutalité policière et militaire n’est-il pas en insécurité?
Certes les armes se sont tues depuis des années mais, chaque jour, les congolais livrent bataille sur d'autres terrains: l’alimentation, la santé, l’emploi, l’éducation, les tracasseries administratives,… Chaque jour au Congo, est une véritable guerre !
Lorsqu’on n’a pas pu accomplir une mission, il faudrait avoir le courage non seulement de le reconnaître mais aussi la décence de laisser la place à quelqu’un d’autre.
J’espère qu’ici là, Denis Sassou-Nguesso respectera la constitution, donc la volonté du peuple, et cédera le fauteuil de président à une personne plus qualifiée.
J'ai bien dit j'espère!
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 22 autres membres